Le défi
Chaque année, face au manque de perspectives, de jeunes Sénégalais risquent leur vie pour migrer vers l’Europe à la recherche d’une vie meilleure.
Avec 38,5 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté et 75 % des familles souffrant de pauvreté chronique, beaucoup ne voient pas d’alternative pour assurer un avenir meilleur pour eux et leurs familles.
33% des jeunes âgés de 15 à 25 ans n’ont pas d’emploi, d’études ou de formation. 60% des jeunes de 15 à 35 ans sont actuellement au chômage. Alors que 300 000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail sénégalais, 62% des jeunes de 15-24 ans (1,9 million de personnes) n’achèvent pas l’école primaire, et entrent sur le marché du travail sans aucune compétence ni qualification.
Troubles sociaux et engagement du gouvernement
Ceux qui travaillent sont pour la plupart dans le secteur informel, soit en tant qu’indépendants, soit employés dans des microentreprises familiales.
Beaucoup continuent cependant à vivre dans l’extrême pauvreté. En mars 2022, des émeutes ont éclatées à nouveau, révélant l’exaspération de la jeunesse face au manque de perspectives et à des inégalités apparemment croissantes.
Si le chômage des jeunes est un défi majeur dans toute l’Afrique, le gouvernement sénégalais en a fait une de ses priorités. Avec le soutien de donateurs étrangers, il travaille sur la réforme du système de formation professionnelle afin d’offrir une formation qualifiante de meilleure qualité et de créer des opportunités pour l’entrepreneuriat des jeunes.
Obstacles persistants
Cependant, au niveau local, les jeunes vulnérables, y compris les décrocheurs scolaires, les filles, les enfants en situation de rue et les talibés (élèves coraniques) ont encore du mal à bénéficier de ces initiatives. De nombreux obstacles persistent et empêchent un accès équitable et durable : ils ciblent toujours les personnes bien éduquées, se limitent à des projets locaux et/ou limités dans le temps et ne fournissent pas le soutien social et financier supplémentaire nécessaire.
Les projets ciblant les personnes vulnérables sont principalement ponctuels et n’apportent pas de changement durable. Si certaines bonnes pratiques se développent, de nombreux projets s’appuient sur la société civile au lieu de renforcer les services gouvernementaux. Le manque de coordination et de collaboration signifie que de nombreuses leçons sont perdues et que des synergies potentielles sont manquées. L’absence d’une approche systémique pour s’attaquer au problème signifie que les solutions sont à court terme et ponctuelles.